Les Cendres du Serpent-Monde de Marine Sivan

Êtes-vous-vous prêts pour explorer la jungle et ses milles et un dangers dans Les Cendres du Serpent-Monde de Marine Sivan, aux éditions Scrineo ?
> Genre : Roman d ‘aventure
> Résumé
Contrebandier sur une île tropicale, Éric a un lourd passé qu’il cherche à tout prix à oublier.
Tentant de fuir l’homme pour lequel il travaille, le colon se voit confier une mission par un historien accompagné de son fils. Il doit leur servir de guide dans la vaste jungle afin de mener une expédition archéologique.
Trop content de pouvoir fuir les hommes à ses trousses et de voler l’archéologue une fois la mission accomplie, Éric ne se rend pas compte qu’il vient de signer un pacte avec le diable car l’expédition réserve bien des surprises.
Enlèvements, dangers, rédemptions, en voulant fuir son passé, Éric vient de commettre une erreur qui risque bien de le changer à jamais.
Une quête. Un temple perdu. Un peuple à sauver.
Un seul but.
Refermer les plaies du passé.
Les Cendres du Serpent-Monde est un roman d’aventure réussi. L’écriture fluide nous ouvre un chemin dangereux. Rebondissements et suspens viennent se greffer à cette quête prenant au fur et à mesure une allure de parcours initiatique.
Bien que ce genre ne soit mon thème de prédilection, l’autrice a su m’emmener dans son histoire semée d’embûches grâce aux nombreux retournements de situations et aux révélations surprenantes. Certains tournants pris par Marine Sivan ont été une totale surprise. Rien n’envisageait de tels choix.
J’ai apprécié les rapports entre Eric et Joachim. Eric est un père de subtitution pour ce jeune garçon dont le père est plus qu’absent.
La fin est à la fois surprenante sans l’être vraiment. Inconsciemment, nous nous doutons de ce choix. Cependant, elle est réussie en étant en total accord avec l’univers.
Au-delà de ces éléments et de la fiction, l’écrivain traite d’un sujet fort : la colonisation. Malgré que le récit se déroule dans un monde inventé, cette partie de l’histoire de notre monde est bien traitée. J’ai senti que Marine a fait des études d’histoire. Tout le long des aventures d’Eric, elle souligne les conséquences et les dégats que la colonisation a engendré. La cupidité pour certains, la soif de découvrir de nouvelles terres ou de nouveaux peuples pour d’autres, ont conduit à la destruction et l’anéantissement de certaines civilisations. Entre les personnes qui ne réfléchissaient pas ou ne voulaient pas voir et celles s’en moquant éperdumment, les colons ont pour la plupart créés des dégâts aussi bien territoriaux, que physiques et moraux sur des femmes, des enfants et des hommes qui n’avaient strictement rien demandé, seulement vivre en paix.
Le livre montre bien que l’on soit riche ou pauvre, blanc ou noir, nous sommes tous les mêmes et pouvons réagir tous de la même manière. Marine Sivan met en valeur que nous avons tous, sans exception, tendance à généraliser ou stéréotyper. Nous nous laissons emporter par la masse sans capable parfois d’analyser, de chercher à comprendre ou d’avoir l’esprit critique. Nous sommes sans cesse dans le jugement alors qu’il suffit simplement de découvrir la personne en face de soi. Est-elle comme la majorité ? Qui est-elle vraiment ? Les origines n’ont pas de frontières, les seules frontières sont celles que certains individus créent par peur de l’inconnu.
C’est à cet instant qu’un autre point mis en relief dans le texte a encore plus d’impact. Personne n’est tout blanc ou tout noir, nous sommes un mixte des deux. De ce fait, ce texte est encore plus intéressant car les personnages sont ambivalents, un pas dans la lumière, un autre dans l’ombre. Ils sont tous en proie avec leurs propres démons, leurs tourments, leurs passés… Ainsi, une question prend petit à petit forme au fil des pages : la rédemption est-elle possible pour tous, même pour les meurtriers, les escrocs et toutes personnes ayant sombrées ? L’écrivain nous donne un réponse positive par rapport à cette interrogation. Oui, tout le monde peut se repentir, tout le monde à le droit à une seconde chance. Nous avons tous commis des erreurs. Il suffit seulement parfois de rencontrer LA bonne personne qui pourra nous aider.
Conclusion
Un one-shot d’aventure réussi qui plaira aux adeptes du genre. Entre un récit à la Indiana Jones et des sujets forts tels que la rédemption et la colonisation, Marine Sivan fait son entrée dans la sphère littéraire avec une histoire riche en rebondissements et en péripéties. A découvrir.
Citations
– J’ai voulu me persuader que ces cicatrices ne me définissaient pas. Elles marquaient la peau, du pas mon être ni la personnalité. Je voulais les voir comme un grain de beauté ou une tache de naissance. Il s’interrompît une seconde, serra les poings et reprit : – Je me leurrais. Sans ces cicatrices, je ne serais pas le même. Alors oui, elles ne sont pas tout, mais elles sont une partie du Joachim que je suis aujourd’hui.
– La mémoire collective a un mécanisme étrange, philosopha Silas. Ne vous est-il jamais arrivé de vouloir oublier si fort un détail de votre vie que vous finissez par tordre et contraindre vos souvenirs, au point de vous persuader que vous aviez vécu cet instant ?
– Ma mère croyait au seconde chance. Elle ne voulait pas juger un homme sur son passé, mais sur ses actes présents.