Rose Éternelle de Ophélie Duchemin

Il était une fois, dans une bibliothèque, un livre intitulé Rose Éternelle écrit par Ophélie Duchemin pour les éditions Plume Blanche. La couverture magnifique laissait entrevoir une histoire d’amour défiant toutes les malédictions…


> Genre : Conte revisité

> Résumé

Loin des somptueuses robes, des flonflons de la fête et de l’hypocrisie des courtisans vit Méliane, une jeune femme aussi belle que différente passant son temps à contempler la mer en compagnie de ses livres. Fille de marchand, elle aide son père dans l’entreprise familiale, tandis que sa sœur cherche le grand amour et son frère vit dangereusement.

Jusqu’au jour où une cargaison disparaît mystérieusement. Prête à résoudre cette énigme par tous les moyens, Méliane met à jour une sombre machination mettant en péril la sécurité de ses proches.

Contrainte de fuir, la jeune femme se retrouve prisonnière malgré elle d’une terrible Bête dont le cœur semble plus noir que la nuit. Le temps passe et l’amour fait son œuvre mais les dangers aux confins de ce royaume et au delà resserrent leur étaux autour d’elle.

Complots, trahisons, secrets, amour… un seul dicton, ne jamais se fier aux apparences.


Un roman parfaitement travaillé que ce soit au niveau des personnages, de l’univers ou encore de la plume. À travers les mots, les émotions sont décrites avec finesse. J’ai ressenti tous les sentiments animant tels ou tels personnages. Le suspens se dégage et des rebondissements ont su totalement me surprendre. Certains protagonistes n’étaient finalement pas les adaptations que je pensais.

Cette revisite est la meilleure qui m’a été donnée de lire concernant La Belle et la Bête. Ce livre, s’inspirant du XVIIIe siècle, est l’enlacement de deux histoires bien distinctes. D’un côté, le conte de Madame Leprince de Beaumont et de l’autre la fiction d’Ophélie Duchemin. Ce mélange est un succès car l’auteure a su rendre son livre personnel et donner une nouvelle dimension au conte. En effet, par rapport à l’histoire d’origine, l’écrivain prend quelques libertés en transmettant des éléments originaux. Selon moi, son univers est plus enrichi que l’originel.

Sur plusieurs aspects, ce livre m’a fait penser au film La Belle et la Bête (2014) avec l’acteur Vincent Cassel (film ne m’ayant pas du tout séduit encore moins la fin) par le caractère enchanteur et mystérieux.

La dernière partie est plaisante à lire car en règle générale, il est rare que les auteurs nous proposent de construire un après La Belle et la Bête. Le couple Adrian et Méliane est une belle découverte. Face à leurs joutes verbales acérées, je n’ai pas pu m’empêcher de sourire certaines fois. Ce sont deux êtres avec un fort caractère que la vie a blessé. Leur rencontre ne s’est pas faite dans la douceur, leur relation est violente. J’ai senti que les émotions inexplicables qu’ils éprouvaient l’un pour l’autre les conduisaient sur des sentiers remplis de ronces. Néanmoins, l’écrivain a su construire son histoire d’amour petit à petit, rien n’est précipité. Ils apprennent à vivre avec leurs nouveaux sentiments et à franchir les solides remparts de chacun.

Que ce soit la reprise de certains éléments du conte ou la fiction d’Ophélie Duchemin, rien n’est laissé au hasard. La Bête est très bien approfondie. Son passé, ses sentiments, ses envies… tout y est partagé. La vie l’a rendu infâme, froid et sans compassion. Cependant, plus nous allons au delà de sa carapace, plus nous découvrons le véritable Adrian, celui pour lequel sa mère s’est battue. Ce personnage nous apporte une leçon différente par rapport au conte traditionnel. Bien entendu, le concept de ne pas se fier aux apparences est et restera à jamais la morale de cette histoire, mais dans ce récit nous comprenons que vouloir l’amour de quelqu’un à tout prix est mauvais, d’autant plus lorsque la personne est nocive pour soi et les autres. Être prêt à sacrifier ses croyances, son intégrité, ses valeurs ou encore sa dignité pour plaire, sont des actes négatifs. Cela ne conduit qu’à la souffrance et à la destruction.

Méliane est un personnage me paraissant beaucoup plus intéressant dans le sens où elle est loin d’être parfaite, elle possède un côté un peu plus sombre et a perdu sa naïveté depuis longtemps. Elle a construit des remparts pour se protéger des autres. À l’instar de la Bête, elle se cache derrière un masque afin de ne pas souffrir et affronter ses propres tourments. Elle n’est plus seulement la jeune femme douce qui a su voir l’homme derrière la bête. Elle a du caractère, du courage… Elle est rebelle, têtue et nous dévoile une personnalité hors des stéréotypes des contes. Elle est moderne, libre, indépendante, presque guerrière. Quant aux autres personnages, ils ne sont pas sans rappeler ceux emblématiques et forment une belle famille de cœur.

Ce livre n’est pas one-shot à proprement parler. Le fin nous montre très clairement qu’une suite aura lieu avec l’histoire de La Petite Sirène.

Pour finir

Un roman faisant partie des meilleures adaptations du conte de La Belle et la Bête. L’auteure a su rendre son récit personnel grâce à un univers riche, des personnages parfaitement travaillés et des émotions retranscrites avec finesse. Une histoire d’amour réussit avec brio dans laquelle suspens et rebondissements viennent compléter le tout. Un livre méritant d’être davantage connu.


Citation

– Liam, je ne vais pas te dire que ton geste n’a pas eu des conséquences et qu’ils n’auraient pas pu en avoir de plus graves. Ce serait te mentir et te manquer de respect. Nous devons assumer nos actes et que tu t’excuses montre que tu en as conscience. […]

– Peut-être, mais ce jour-là, j’ai appris qu’il valait mieux parfois ne pas laisser voir aux gens qu’ils ont le pouvoir de nous blesser. […]

De plus, tous ceux qui avaient un minimum de jugeote savaient que la connaissance, c’était le pouvoir.

Le passé avait parfois une manière cruelle de se rappeler à ceux qui tentaient par tous les moyens de le fuir…

A lire également

Laisser un commentaire