Désaccordée de Joanne Richoux

Entendez-vous cette mélodie venue d’un autre monde ? Laissez-vous transporter parmi les muses et la nature dans Désaccordée de Joanne Richoux, aux éditions Gulf Stream.

Une découverte plaisante.

Partie I : À la découverte du roman

> La couverture

Une belle première de couverture. Si elle ne représente pas forcément la beauté du monde des muses, le titre posé sur une mesure est très révélateur du thème abordé. La couleur rappelle également le prénom de l’héroïne, Violette. L‘aspect sombre révèle la partie obscure et dangereuse de cet univers parallèle.

> Description narrative

Le genre du roman est Fantasy. Plus précisément nous évoluons dans de la low Fantasy. La particularité de ce sous-genre est d’intégrer à notre monde un objet (armoire, train, boîte à musique…) permettant de voyager dans un autre monde. Ces deux mondes sont distincts l’un de l’autre, soit l’un des deux mondes connaît l’existence de l’autre, soit les deux sont dans l’ignorance.

> Résumé

Lorsque Violette rentre chez elle précipitamment après une soirée désastreuse, rien ne lui laisse présager du tournant inattendu que va prendre sa vie en ouvrant la boîte à musique de son frère, disparu dix ans plus tôt.

Elle se retrouve alors plongée dans un univers fait de musique et de fleurs, où les pleurs peuvent devenir des douceurs sucrées, les archets, des armes de guerre et où les individus portent des noms de solfège. Mais derrière un monde de magie et de beauté se cachent de sombres machinations…

Depuis la disparition de la Princesse Croche, la paix entre les Trois Ordres de musique n’a jamais été aussi précaire. En mettant un pied dans ce lieu hors du temps, Violette est loin de s’imaginer des rencontres improbables qu’elle va découvrir et du courage qu’elle devra faire preuve pour sauver ce monde et rentrer chez elle.

Et si les véritables ennemis n’étaient pas ceux que l’on croit ?

Partie II : Mon Avis

Points positifs

> Le récit

Ce roman est original et unique. Joanne Richoux a su apporter sa propre touche dans l’univers de la littérature. Le récit est cohérent. L’écriture est fluide et parfois poétique. Ce livre se lit facilement et nous nous laissons happer dans cette atmosphère mêlant féerie et sombres secrets. Ce one-shot peut être comparé à Alice au Pays des Merveilles de Lewis Carroll mais en version moderne et musicale. D’ailleurs, quelques clins d’œil sont disséminés, notamment la tenue de la Reine Trille nous rappelant celui de la Reine de Cœur.

Le lien créé entre notre monde et celui des muses est une très bonne idée, ainsi que la capacité d’un objet en particulier.

Le gros point fort de ce roman est les descriptions aussi bien au niveau de l’environnement que des costumes. L’auteure retranscrit avec précision l’univers à la fois poétique, merveilleux et sombre qu’elle a en tête. Nous nous imaginons avec facilité chaque lieu, chaque détail, chaque senteur… Ce livre est un véritable plaisir pour l’imagination. Nous sommes émerveillés par la grande beauté du monde des muses. Nous en demandons davantage et voulons continuer à explorer cet endroit si semblable et pourtant si différent du nôtre.

Le deuxième gros point fort est l’insertion d’extrait de chansons. L’auteure ne s’est pas contentée de partager des titres, elle les a choisis en les harmonisant avec la scène en question. Ce concept, utilisé également par d’autres auteurs, donne une autre dimension au récit. Le texte est plus vivant et nous permet de mieux comprendre parfois les sentiments des protagonistes ou de les accentuer. Toutefois, il aurait été préférable pour les personnes ne connaissant pas l’anglais d’apporter une traduction.

Ce premier volume achevé, une multitude de questions nous vient à l’esprit. Pour la suite, j’espère qu’un approfondissement sera apporté, aussi bien au niveau du monde des muses, que l’aspect sombre du livre afin de susciter un mystère plus prenant et d’insister sur la dangerosité du lieu. L’écrivain possède de la matière pour développer son texte, notamment au sujet d’un trafic suspect, la princesse Croche…

Ce roman est une métaphore de la citation « il ne faut pas se fier aux apparences ». Du début jusqu’à la fin, l’auteure véhicule ce message à travers les décors et les personnages. Effectivement, nous nous rendons compte qu’une part très sombre est dissimulée derrière le charme et la beauté apparente du lieu. Elle met également en évidence l’importance d’accepter les différences de chacun afin de vivre en harmonie avec nos semblables.

> Les personnages

Chaque protagoniste est intéressant à suivre puisqu’ils n’ont pas le même caractère en fonction de l’Ordre dans lequel ils sont attachés. Nous avons d’un côté les personnages habillés en tenue de rock’n’roll, de l’autre des personnages aux tenues très fleuries… Ce roman peut faire penser à la comédie musicale Piano Plage.

Points négatifs

> Le récit

Le récit est bien mené mais il s’enchaîne trop rapidement. Il aurait été pertinent d’ajouter une centaine de pages, dans l’optique d’approfondir davantage quelques scènes.

À l’instar de certains éléments du texte, l’histoire d’amour est, selon moi, précipitée. Nous n’avons pas le temps d’apprécier pleinement leur rencontre et leur couple. Ils ont une relation très intime alors qu’ils ne connaissent presque rien de l’autre. Leurs sentiments sont un mélange d’amour passionnel et superficiel manquant, de ce fait, de douceur, de patience et de romantisme.

Nous pouvons noter une incohérence psychologique concernant l’héroïne. Sans rentrer dans les détails, Violette subit une tentative d’agression sexuelle. Quelques jours plus tard, elle a une relation sexuelle. Dans la réalité, il est impossible qu’après un tel acte, elle puisse avoir un rapport sexuel aussi rapidement avec un autre homme. Et quand bien même elle réussit à se remettre vite, au moment de se donner à l’autre, l’événement resurgira à sa mémoire et la peur reprendra le dessus. Or dans ce récit, cette tentative semble avoir disparu du tableau. Cette agression aurait pu être intéressante pour aborder le sujet difficile du viol, malheureusement, dans ce cas de figure, cette scène ne paraît pas nécessaire. Selon moi, l’écrivain manquait de connaissances sur le sujet.

> Les personnages

Si Joanne Richoux construit parfaitement les décors, les personnages, quant à eux, manquent également d’approfondissement. Excepté Violette, l’auteure ne dévoile que l’aspect apparent de chacun. Nous connaissons peu de choses sur leurs passés, leurs goûts, leurs habitudes… À peine avons-nous découvert un nouveau personnage qu’il nous faut le quitter. Par conséquent, nous n’arrivons pas à nous attacher à eux.

Violette est une héroïne ayant des difficultés à voir au-delà des apparences. Elle dégage une certaine naïveté. Nous avons du mal à comprendre sa manière de concevoir les choses, en particulier vis-à-vis des garçons. Après avoir fait l’amère expérience avec son premier petit ami, elle commet à nouveau la même erreur avec le second. Elle ne cherche pas à apprendre à connaître la personne, à lire entre les lignes.

Conclusion

Originalité et décors féeriques sont le maître mot de cet univers aux allures d’Alice au Pays des Merveilles. Un premier volume prometteur. Une série à découvrir pour les amoureux de la littérature et de la musique. Voyage garanti parmi la nature et les coutumes venu d’un autre monde.

Note qualité narrative

Le récit : 4,5/5

Les personnages :

La plume : 5/5

Note ressenti personnel

4,5/5

Citation tirée du livre

– […] C’est très bon, la peur. Ça donne de l’énergie, de la précision. Du courage, surtout.

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