Le Royaume d’Esiah, tome 2 : La Confrérie des Morts de Mélanie Gaujon

Les royaumes des morts vous ouvrent à nouveau leurs portes avec Le Royaume d’Esiah, tome II : La Confrérie des Morts de Mélanie Gaujon, aux éditions Nouvelles Plumes.

Un petit coup de cœur.

ATTENTION ! Je vous déconseille de lire cette chronique, en particulier le résumé, si vous n’avez pas lu le premier volume. Vous pouvez découvrir ou redécouvrir mon avis en cliquant sur le lien suivant : Le Royaume d’Eisah, tome 1 : La stèle du destin de Mélanie Gaujon.

Partie I : À la découverte du livre

> La couverture

Un énorme coup de cœur pour la couverture du tome II révélant parfaitement le Royaume d’Odéon. À l’instar du tome I, nous avons l’impression d’être face à une photographie. Il représente sans équivoque les descriptions placées par l’auteure au fil des pages. Un plaisir pour les yeux. Nous remarquons également que les deux couvertures sont liées. Il sera intéressant de découvrir si le Royaume d’Eden nous sera livré sur le troisième volume.

> Description narrative et compagnies

Au niveau de la narration, nous sommes en point de vue omniscient. Nous suivons principalement les aventures du Prince Lucifel et parfois de ses proches.

Le genre prédominant est la Fantasy. Plus précisément nous évoluons dans de la low fantasy (un passage permet d’aller d’un monde inventé au nôtre. Toutefois, les deux mondes n’ont aucun lien).

Nous trouvons aussi, un aspect biblique : le Royaume d’Esiah représentant les enfers, le Royaume d’Odéon le paradis et le Royaume d’Éden, là où vit Elohim, le créateur de l’univers. Ainsi qu’une allusion à l’arbre de vie avec le Drôme.

Avant de commencer la lecture, vous pourrez découvrir une carte du Royaume d’Esiah.

> Résumé

Vingt-cinq ans se sont écoulés depuis la mort du roi Lucifel. La paix est loin d’être revenu au royaume et le peuple Siahnnas est divisé en deux parties.

Sans savoir qu’il est recherché par les deux royaumes des morts, Lucifel, à présent aveugle, vit dans le Monde des Mortels, sans aucun souvenir de sa vie antérieure.

Un jour, il apprend par hasard l’existence d’une organisation appelée La Confrérie des Morts dirigée par une personne de l’Enfer et du Paradis. Connus par certains humains et le Royaume d’Esiah et d’Odéon, cette confrérie semble dangereuse mais son but reste mystérieux. Doivent-ils prendre cette menace au sérieux ? Devront-ils se battre face à un deuxième ennemi ?

Quant à Lucifel, reviendra-t-il à Esiah ? Retrouvera-t-il la mémoire et réussira-t-il à restaurer la paix entre les trois mondes ?

Les ennemis n’ont jamais été aussi proches. Le temps presse car le compte à rebours a commencé.

Partie II : Mon Avis

Points positifs

> Le récit

À l’instar du précédent volume, un univers parfaitement ficelé et cohérent. L’écriture est fluide et additive. Nous retournons rapidement dans le monde créé par Mélanie Gaujon. Une fois le livre en main, il est impossible de le lâcher. Les pages tournent facilement grâce au suspens et aux nombreuses interrogations mises en place au fur et à mesure.

L’humour fait à nouveau son apparition et semble plus présent que durant le tome I. Il est parfaitement dosé et incorporé. De plus, il est vraiment plaisant à retrouver.

L’écrivain a su rester fidèle à elle-même en proposant un univers toujours aussi original dans sa manière d’aborder l’enfer et le paradis. Nous continuons à voyager dans les mondes de l’au-delà pour notre plaisir. Ce tome II est loin d’être lassant, au contraire, nous en demandons davantage. Plus nous avançons dans la lecture, plus nous constatons que le bien et le mal n’ont jamais eu autant besoin l’un de l’autre pour subsister.

Il est plaisant d’en découvrir davantage sur le Royaume d’Odéon. Ce monde est un régal pour l’imagination. Nous pouvons aisément identifier des paysages presque féeriques. Nous avons l’impression d’avoir atterri au Pays de l’imaginaire au côté de Peter Pan.

Les nouvelles idées apportées dans cette suite sont excellentes, notamment l’aspect de la piraterie parfaitement en harmonie avec le peuple Éduins. Je pense également à la capacité et l’incapacité de voir d’Almandin, sa condition dans un monde totalement différent du sien, la présence plus forte du Monde des Mortels… Étrangement et paradoxalement, bien que technologiquement notre monde soit plus évolué que les royaumes des morts sur certains éléments, il paraît plus terne, sale et archaïque dans ses mentalités. Nous avons moins envie d’y mettre les pieds, préférant davantage retourner à Esiah.

Des messages et des valeurs fortes sont aussi perceptibles. À travers ce livre, nous rendons compte que le manque de communication et d’écoute peut conduire des familles, voire un peuple à se déchirer et conduire à des événements catastrophiques. Nous pourrions nous éviter des souffrances si nous cherchions à comprendre l’autre et à lui poser des questions. Nous prendrions alors conscience de nos mauvaises interprétations ou nos croyances fausses. Nous remarquons aussi la nécessité de faire confiance aux bonnes personnes car certaines sont prêtes à exploiter nos peurs et nos doutes à des fins sombres. La notion de pardon est également mise en évidence. Peut-on pardonner une personne responsable de nos souffrances ? Mélanie Gaujon tente de nous ouvrir la voie sur ce sujet en nous faisant comprendre l’importance de laisser une seconde chance à l’individu afin de tisser de nouveaux liens dans le positif. L’écrivain cherche aussi à nous enseigner sur le cœur des Hommes. Un Homme ne devient pas un monstre par choix mais par les souffrances vécues et l’absence de communication. Un message davantage approfondi dans cette suite par rapport au premier roman.

> Les personnages

Les protagonistes sont toujours aussi intéressants et travaillés. De nouveaux personnages font leur apparition et sont agréables à découvrir comme Anjali et Veland. Ils ne font pas simplement office de décors, ils apportent une dimension plus grande au récit et chaque personnage principal véhicule un des messages mentionnés précédemment.

Bien que nous retrouvions les anciens personnages, l’auteure ne s’est pas contentée d’uniquement les réintégrer. Elle a continué à les faire évoluer et à les travailler. Certains ont complètement changé, notamment Milo, tandis que d’autres, comme Adel, se dévoilent bien plus au fur et à mesure. D’autres ont su rester égaux à eux-mêmes.

L’auteure arrive également le tour de force de créer chez le lecteur de l’empathie vis-à-vis de protagonistes peu scrupuleux et nous permet de mieux comprendre le pourquoi des actions commises.

Almandin est un personnage toujours aussi plaisant et attachant suivre. Le héros est très ambigu dans sa personnalité durant une grande partie du récit. Sa nouvelle condition l’a transformé. En effet, nous retrouvons certains traits de caractère visibles dans le tome I, il est toujours prompt à l’humour et à penser aux autres avant lui, néanmoins, ce n’est plus le même. Il a perdu sa personnalité réfléchie et guerrière et n’a plus l’allure d’un prince. Il est plus en proie aux doutes et aux questionnements, cherchant désespérément à savoir qui il est. Toutefois, son ancien tempérament refait parfois surface et cherche à s’extérioriser. Bien que le nouvel Almandin soit intéressant, nous voulons retrouver l’ancien, espérant du début jusqu’à la fin le retour de sa mémoire.

Points négatifs

> Le récit

Nous comprenons facilement l’identité de l’ennemi, étant donné que les suppositions mises en place dans le premier volume sont confirmées rapidement. De ce fait, lorsque les personnages finissent par le deviner ou en avoir la certitude, la révélation n’est pas surprenante. Pour résoudre nos questionnements en même temps que les personnages ou avoir cet effet de surprise, soit l’auteure pouvait continuer à entretenir les doutes et l’ambiguïté entre les personnages concernés, soit elle pouvait mener le lecteur sur une fausse route.

Cependant, ceci peut être un choix narratif afin de découvrir la manière de fonctionner et les manigances de l’ennemi. Dans ce cas, mes écrits ci-dessus n’ont pas lieu d’être. De plus, il est à noter que ce choix permet d’apporter d’autres interrogations, à savoir, pourquoi ces agissements et dans quel but.

> Le personnage

Il aurait été intéressant d’en savoir un peu plus sur Séraphin car il reste à nouveau en arrière-plan.

Conclusion

Une excellente suite à la hauteur du premier volume. Additivité et interrogations sont les maîtres mots de ce roman. Mélanie Gaujon a su rester fidèle à elle-même en nous proposant des personnages attachants et un univers toujours original, bien mené et travaillé.

Note qualité narrative :

Récit = 5/5

Personnage = 5/5

Plume = 5/5

Note d’appréciation : 5/5

Citations tirées du livre

– […] Il faut juste comprendre que les humains ont des qualités comme des défauts. Ils sont tous différents.

– Tu apprendras un jour qu’il faut se méfier des apparences, mon enfant.

– […] Il l’a malheureusement rempli lui aussi de haine envers mon père par incompréhension. Il suffirait qu’ils s’expliquent, qu’ils essaient de se comprendre pour éviter les souffrances à venir.

– […] Le Monde des Mortels est peuplé de merveilles que nous devons sauvegarder à tout prix, que les humains doivent apprendre à respecter. Un jour, ils se rendront compte de la chance qu’ils possèdent de vivre sur une terre où la nature a tout ses droits.

– Suis donc mon conseil. Profite des bons instants que la vie t’a offerts.

– Parfois, un grain de poussière suffit à semer le chaos.

Le Roi comprit qu’il devait profiter de chaque instant de sa vie et ne jamais rien remettre au lendemain.

– […] Il existe des situations dans la vie qui nous poussent à commettre des erreurs. Il faut savoir les comprendre pour ne plus les réitérer.

– […] Cependant, l’expérience nous amène parfois à ouvrir les yeux. Tout homme peut changer.

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