Le Prieuré de l’Oranger de Samantha Shannon

Laissez-vous transporter entre terre et mer avec le best-seller du New York Times et du Sunday Times, Le Prieuré de l’Oranger de Samantha Shannon, aux éditions Desaxus. Complots, dragons et femmes au grand destin sont à l’honneur.

Une découverte pour les amateurs de Fantasy.

Partie I : À la découverte du roman

> La couverture

Un énorme coup de cœur pour la couverture du livre relié (le livre relié (hardback ou hardcover en anglais) à une couverture rigide à ne pas confondre avec le livre broché dont la couverture est en carton souple (paperback en anglais)). Tout en relief et en brillance, elle attire le regard. Parfaitement en harmonie avec le récit, elle donne envie de se plonger à l’intérieur.

> Description narrative et compagnies

Le genre prédominant est la Fantasy. Plus précisément, nous évoluons dans de la high fantasy (sous-genre de la fantasy dans lequel nous explorons un monde totalement imaginaire sans aucun lien avec notre monde).

Nous sommes en point de vue omniscient, c’est-à-dire que le narrateur connaît tout du passé, des pensées et des actions du personnage. Néanmoins, chaque chapitre est tourné sur un personnage, en particulier Ead, Tané, Loth, Niclays…

Le livre est séparé en six parties. Au début, vous pourrez découvrir une note de l’auteure mentionnant que le récit est inspiré d’événements et de légendes provenant de plusieurs endroits du monde. Plusieurs cartes sont présentes, ainsi qu’un dessin de deux dragons prenant tout leur sens une fois le livre lu.

À la fin du roman est visible une sorte de dictionnaire des personnages, un glossaire, une chronologie et les remerciements de Samantha Shannon.

> Résumé

Trois femmes. Trois destins. Un seul but. Détruire l’ennemi.

Depuis des générations des femmes règnent sur le reinaume d’Inys à l’ouest. Sabran est la nouvelle reine depuis l’assassinat de sa mère. De nature froide et distante, elle ne souhaite pas se marier et avoir des enfants. Toutefois, le destin risque bien d’en décider autrement et l’obliger à changer ses plans. Dans les tréfonds du monde, une menace pèse sur ses épaules, tandis qu’au palais, le mal rôde…

Sous les traits d’une femme de chambre, Ead Duryan a une seule mission : protéger la reine Sabran de tous dangers possibles. Descendante d’une lignée de mages, ses pouvoirs lui permettent de travailler dans l’ombre. Mais les ennemis et la menace semblent bien plus graves que la jeune femme le pense et elle risque bien d’être l’une des seuls à pouvoir restaurer la paix. De plus, il se pourrait bien que les sentiments envers la reine se transforment en une relation plus charnelle et compromettent ses secrets.

Loin de la cour d’Inys en royaume ennemi vit Tané. Depuis son plus jeune âge, elle n’a qu’un seul but : devenir dragonnière afin de chevaucher les créatures mythiques. Malheureusement, son manque de respect aux règles risque bien de compromettre ses ambitions. Mais si ses manquements lui permettaient de découvrir ses véritables origines et la conduisaient à une destinée plus grande ?

L’ennemi du passé n’est pas loin et s’apprête à faire son retour. Seule l’union de tous les pays et la force des trois femmes pourront éviter l’extinction du monde…

Partie II : Mon Avis

Points positifs

> Le récit

L’univers et les décors sont parfaitement mis en place, travaillés et riches. Il est intéressant d’explorer un livre dont les éléments sont inspirés de légendes anciennes. Le récit est fluide et nous ne notons aucune incohérence. De nombreuses contrées différentes aussi bien au niveau des mœurs que des reliefs, pays orientaux, pays méditerranéens, pays moyenâgeux, sont appréciables à découvrir et nous permettent de voyager entre terre et mer. L’auteure a créé de la diversité. Tous les thèmes traités, piraterie, aventure, dragons, complots… s’imbriquent très bien créant un monde bien développé et diversifié. De nombreux revirements de situation sont présents et parfois difficilement identifiables.

Samantha Shannon ne s’est pas uniquement contentée d’une variété d’horizon, elle a enrichi le récit d’une multitude de croyances. Il est à noter qu’à travers les différentes convictions de chacun, l’écrivain a voulu apporter des messages forts. Malgré les principes divergents des êtres humains, ces derniers ne doivent pas nous désolidariser. Il faut voir au-delà de nos différences et s’aider les uns les autres que l’on soit d’accord ou non avec ses voisins. Elle veut également nous faire comprendre que toutes les religions détiennent une part de la vérité mais aucune n’a LA vérité unique. Concernant cette notion, un dernier message est souligné par l’auteure, il est nécessaire d’accepter de se remettre en question vis-à-vis de nos croyances, qu’elles soient religieuses ou non.

Elle nous fait part également qu’il faut accepter nos propres erreurs et nos propres échecs. Au contraire, de ne pas céder à la culpabilité afin d’en ressortir plus grand et plus fort.

Bien que la fin puisse être facilement identifiable, elle n’en reste pas moins bien menée et elle n’est pas précipitée. Il est plaisant de connaître les événements après l’élément clé de l’histoire.

> Les personnages

Si les croyances et les paysages sont diversifiés, il en va de même pour les personnages. De loyaux et courageux, à traîtres et menteurs, Samantha Shannon a su représenter de nombreuses mentalités sans les rendre caricaturales. L’auteure n’a ni privilégié les décors, ni les protagonistes. Elle n’a pas voulu mettre en avant l’un plus que l’autre. Les deux sont très bien équilibrés et indissociables.

Nous sentons que l’écrivain veut mettre en valeur les femmes et représenter notre force et notre importance dans un monde où nos droits ne sont pas toujours respectés et entendus encore aujourd’hui.

Au fil des pages, chaque protagoniste évolue. Au même titre que les décors, ils sont parfaitement travaillés et exploités du début jusqu’à la fin.

Ead et Tané sont deux héroïnes semblables dont la loyauté envers les autres n’a pas de limites. Entre les trois grandes héroïnes, Sabran est la plus torturée mentalement. Entre ses devoirs de reine et sa vie de femme, elle ne cesse d’être dans l’angoisse et les doutes. La peur constante d’échouer la ronge de l’intérieur et seule la présence d’Ead lui permet de voir la lumière au loin. Ce personnage montre l’énorme responsabilité et pression pesant sur les épaules des dirigeants. Ils sont bien seuls face à ce monde attendant beaucoup d’eux et scrutant chacun de leurs actes et leurs prises de décision. Face au peuple, ils paraissent forts et parfaitement calmes, mais en vérité, ils ne sont que tourments. Sabran nous permet de prendre conscience qu’ils sont avant tout des êtres humains. Ils ont aussi leurs problèmes, leurs questionnements et leurs façons de pensées et voir le monde.

Points négatifs

> Le récit

Certains passages de l’histoire m’ont paru peu développés. Je ne m’attendais pas que la situation de certains personnages soit réglée aussi vite. Parfois, Ead m’a semblé résoudre facilement certaines interrogations. En effet, elle peut être née avec un instinct aiguisé mais selon moi, cela crée un sentiment de facilités narratives.

Les points mentionnés ci-dessous ne sont pas des éléments négatifs mais sont uniquement des ressentis.

Aucun élément du récit ne devrait être enlevé ou considéré inutile, mais je me suis parfois ennuyée. Je ne saurais pas vous dire le pourquoi car le livre regorge d’excellents choix narratifs, malheureusement, je n’ai pas réussi à être transportée.

Au début du roman, il faut s’habituer à l’écriture de l’auteure. Quelques fois dans les premiers temps, nous ne savons pas de quoi il en retourne qu’en à l’utilisation de termes ou de noms de personnages. Il faut attendre plusieurs pages avant de comprendre leurs significations. D’un côté, cela permet de créer du suspens dû aux interrogations mais de l’autre, nous pensons avoir manqué des informations et retournons donc aux pages suivantes…

> Les personnages

S’il faut reconnaître que les mentalités sont nombreuses et le récit est centré sur la femme, il n’en reste pas moins que les femmes mises en avant sont majoritairement des guerrières. Il est dommage que les héroïnes ne représentent pas plus en profondeur la féminité. Certes, certaines ne savent pas tenir une arme, mais selon moi, j’aurais aimé une diversité plus grande et une représentation plus large de la femme. En effet, toutes les femmes ne sont pas des guerrières possédant une force mentale importante.

Bien que je ne me sois attachée à aucun des personnages, ceci n’est pas un point négatif étant donné les éléments mentionnés dans les points positifs.

Conclusion

Un excellent livre méritant amplement ses distinctions. Un univers et des personnages parfaitement travaillés et exploités. Un voyage garanti parmi des horizons divers et variés entre terre et mer.

Note : 5/5 (sans prendre en compte mon ressenti)

Note : 4/5 (en prenant en compte mon manque d’attachement aux personnages et mon incapacité à être transportée au fil des pages)

Citations tirées du livre

– Ce que je sais importe moins que ce que voit le monde, l’interrompit Kit. Permets-moi de me fendre d’une petite allégorie. L’art. L’art n’est pas un grand acte de création, mais un ensemble de petites choses. Lorsque tu lis mes poèmes, tu ignores tout des semaines de travail soigneux qu’il m’a fallu fournir pour le produire – la réflexion, les mots biffés, les pages brûlées par dépit. Ce que tu vois finalement est ce que je veux que tu voies. Ainsi va la politique. »

– Il a peut-être tout d’un agnelet, tempéra Ead, mais les monstres ont souvent des dehors plaisants. Ils savent passer inaperçus. »

« Enfanter n’est pas toujours facile. J’ai l’impression que c’est le secret le mieux gardé du monde. Nous en parlons comme s’il n’existait rien de plus merveilleux, mais la vérité est autrement plus complexe. Nul n’évoque ouvertement les difficultés. Les désagréments. L’incertitude. […] »

« Il y aura toujours des imbéciles et des flatteurs prêts à vous abandonner en faveur d’un nouveau-né. […] »

« Je dois t’avouer que je suis également ce que vous appelez une sorcière, mais aucune magie est mauvaise. Tout dépend de l’usage que l’on en fait. »

« Nous portons tous une part d’ombre en nous, expliqua-t-il. […] »

« Pour être la sœur d’un dragon, tu dois non seulement avoir une âme d’eau, mais aussi le sang de la mer, or la mer n’est jamais pure. Elle est complexe. Elle recèle de ténèbres, du danger, de la cruauté. Elle peut raser des villes entières sous le coup de la colère. Ses profondeurs sont insondables, et n’ont jamais vu la lumière du soleil. Être une Miduchi, ce n’est pas être pure, Tané. C’est être comme la mer […] »

Derrière chaque trône, il y a un serviteur masqué qui n’espère qu’une chose : faire de celui qui est assis dessus sa marionnette.

[…] la vérité trouve toujours un moyen de refaire surface.

Ne cherche pas le soleil de minuit sur terre, car il est en toi.

– Je ne veux pas te réprimander. J’avais énormément d’affection pour Jannart, mais je n’avais aucun droit sur son cœur. Comme tu le sais, nos familles avaient arrangé notre mariage. » […] – Mais Jannart a juré dans un sanctuaire, devant témoins, de n’accorder ses faveurs à personnes d’autres qu’à toi, et tu as toujours été une femme pieuse, Ally. – Je l’étais, et je le suis encore. C’est la raison pour laquelle, même si Jannart avait brisé son serment, j’ai refusé d’en faire autant. J’avais juré, avant toute chose, de l’aimer et de la défendre. » Elle posa une main délicate sur celle de Niclays. « Il avait besoin de ton amour, et la meilleure façon pour moi d’honorer la promesse que je lui avais faite était de le laisser en profiter en paix, et t’aimer en retour. »

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