L’Héritage d’Arachné de Marine Kelada

Aujourd’hui, j’aimerais vous parler du livre L’Héritage d’Arachné de Marine Kelada, aux éditions Nouvelles Plumes sur France Loisirs.

J’ai découvert ce titre grâce à une proche. Au départ, j’étais plutôt sceptique et hésitante car l’univers des araignées ne m’intéressait pas particulièrement. Cependant, étant toujours d’excellents conseils, je l’ai écoutée. Je ne suis pas déçue, ce livre ne fut pas lu mais dévoré. Une très belle découverte. Ce fut presque un coup de cœur.

Je ne connaissais pas la légende d’Arachné. Après cette lecture, je me suis renseignée me permettant d’avoir une comparaison entre l’original et la réécriture.

Partie I : À la découverte du roman

> Un peu d’histoire : Le mythe d’Arachné

Arachné, jeune fille du Lydie (région occidentale d’Asie Mineure), excelle dans l’art du tissage. D’une grande réputation, elle ne reconnait pas qu’Athéna, déesse des artisans et des artistes, puisse avoir contribué à son talent. Elle défie alors la déesse de venir participer à un concours afin de les départager. Athéna décide alors de lui rendre visite en se déguisant en vieille femme. Malgré les mises en garde de la déesse, Arachné maintient ses paroles. Athéna se dévoile alors aux yeux de la tisseuse et finit par accepter le concours suggéré par Arachné. Le jour fatidique, Athéna créée une somptueuse toile, révélant la beauté et la majesté des dieux de l’Olympe, tandis qu’Arachné choisit de représenter les conquêtes sexuelles des dieux métamorphosés en animaux pour abuser de ses victimes. Bien qu’elles soient à égalité, Athéna est rongée par la jalousie. Elle frappe Arachné et détruit la toile de cette dernière. Humiliée et bafouée, la tisseuse se pend. Athéna a pitié d’elle et la ramène à la vie. Malgré cet élan de compassion, elle n’oublie pas de la châtier et la transforme en araignée. Vouée à tisser toute sa vie, Arachné deviendra la mère des araignées.

> La couverture

Une couverture séduisante, représentant parfaitement le monde de Marine Kelada. Chaque élément prend rapidement sens une fois le livre lu. L’univers sombre est montré à travers des couleurs foncées. Par l’intermédiaire de l’attrape-rêve, de l’araignée et de sa toile, l’illustrateur met parfaitement en évidence les trois attraits nous accompagnant du début jusqu’à le fin du récit. Néanmoins, le dessinateur ne s’arrête pas là. Il pousse plus loin le détail avec la toile d’araignée. En regardant avec attention, nous remarquons que la toile est tissée de manière à voir apparaître une araignée. Une couverture très bien travaillée et recherchée. Un coup de cœur. Quant au titre, il suit la lignée de l’illustration, un choix excellent.

Je vous propose ces deux photographies, afin que vous puissiez discerner l’araignée.

> Description narrative

Nous sommes en point de vue interne. Dans la majorité du livre, nous suivons les péripéties d’Emma, sinon celles de Dewey.

Les genres prédominants de ce roman sont la fantasy et l’amour. Ils sont indissociables et le fil conducteur du récit. Le deuil, les rebondissements, les mystères, la souffrance et le suspense sont aussi visibles.

> Résumé

Emma, dix-neuf ans, vit avec un père, Joe Clay, majoritairement absent depuis la mort de sa mère. Joe Clay, scientifique pratiquant des expériences clandestines sur les animaux, ne recule devant rien pour assouvir sa soif de savoir. Un jour, Emma se dispute avec lui, créant l’explosion d’un des laboratoires. Malgré ceci, le père ne semble pas vouloir s’arrêter. Le lendemain, la jeune femme décide de faire du jogging dans le froid hivernal. Aucunement concentrée sur ses pas, elle se prend les pieds dans une branche. Elle se relève et manque d’échapper un cri. Elle n’a pas trébuché sur une branche mais sur un corps : un jeune homme complètement nu, à l’exception d’un attrape-rêve autour de son cou. D’où vient-il ? Qui est-il ? Inquiète, elle appelle son père, telle ne fut pas son erreur. Constatant les différences physique et linguistique de l’étrange inconnu, Joe décide d’en faire son cobaye. Emma se prend très vite d’affection pour cet être différent et venu d’ailleurs. Elle tente alors de contrecarrer les plans de son père…

Mais si une menace plus grande pesait sur eux ?

Rebondissements, révélations, suspense, la légende d’Arachné prendra un nouveau sens aux yeux d’Emma.

Partie II : Mon Avis

Points positifs

> Le récit

Une écriture fluide, simple et d’une grande additivité. Telle une araignée, l’auteure a su nous piéger dans sa toile. Une fois le livre ouvert, nous ne pouvons plus le lâcher. Les rebondissements s’enchaînent sans s’arrêter. Ils sont les points forts du livre. De plus, ils ne sont pas visibles, les surprises ne cessent d’apparaître. Nous ne nous attendons pas aux chemins parfois empruntés par Marine Kelada. Elle prend continuellement des tournants différents pour notre plus grand plaisir. L’écrivain s’est parfaitement nous surprendre et remettre en question nos acquis. Les révélations sont nombreuses et placées là où il faut. L’univers est parfaitement ficelé. Bien que ce roman soit un one-shot, l’écrivain ne va pas trop vite. Il se suffit à lui-même. Marine Kelada prend son temps pour mettre en place son monde, sans oublier d’y semer du mystère et du rebondissement. Le suspense est intense, il ne diminue jamais. À aucun moment le roman perd en vitesse ou en profondeur. Nous pensons comprendre rapidement le but du roman mais en réalité, le début du livre cache le véritable final.

L’utilisation de la légende d’Arachné est très bien menée. Elle a su apporter sa propre conception de l’histoire et la pousser encore plus loin. Elle ne s’est pas contentée de l’employer, elle a façonné de nouvelles directions. Elle a pris des aspects, en à ajouté ou changé d’autres. Une très belle reprise.

Le final est d’un grand impact. Les situations de la fin sont, certes, prévisibles, étant donné les phrases disséminées, mais n’en restent pas moins bouleversantes et poignantes. Une fin amplement réussie. Elle mêle tristesse et beauté avec succès. Le lecteur ne pourra demeurer indifférent. Une lecture marquante. La conclusion m’a touchée et m’a mis les larmes aux yeux.

L’Amour et la souffrance trouvent leurs places et se mêlent parfaitement aux attraits mentionnés précédemment. Elles ne complètent pas uniquement le récit, elles en sont la trame principale, le but de chacun des protagonistes. Toutes leurs actions ont pour volonté d’atteindre l’amour et de panser les souffrances. Le deuil et la difficulté de se révéler après la perte d’un être cher apparaissent aussi. Des question viennent également s’ajouter : doit-on garder le silence sur les actes négatifs de ses proches ou au contraire ne pas avoir peur de les dénoncer ? Accepterons-nous d’envoyer en prison le seul membre restant de notre famille ? Des interrogations présentent durant de nombreuses pages.

Nous découvrons l’amour sous plusieurs formes, celui entre un homme et une femme, celui maternel, celui envers une mère… L’histoire d’amour entre Emma et Arachos va en douceur. La romance prend son temps. Ils se rencontrent, apprennent à se connaître, puis se dévoilent petit à petit pour devenir un couple soudé et unis dans les épreuves.

Toutefois, au de-là de la fiction, l’auteure aborde un sujet actuel, celui des scientifiques employant des cobayes sans scrupule. Elle traite très bien ce sujet. Elle met en avant ces scientifiques prêts à tout au nom de la science mais en vérité, ce n’est qu’un but purement personnel. Certaines scènes sont dures et choquantes mais en les montrant, elle ne peut qu’avoir l’effet escompté. Elles nous perturbent et nous permettent de réfléchir. Nous nous rendons compte de l’horreur vécu par les cobayes. Marine Kelada ne cherche pas à nous préserver et elle a raison de montrer la réalité des choses.

> Les personnages

Les personnages sont parfaitement travaillés et complexes. Marine Kelada ne les caricature pas. Elle leur a apporté des caractères humains. Ils ne sont pas parfaits, chacun a ses tourments, ses peurs, ses questionnements… Certains ne sont ni complètement gentils ni complètement méchants. Ils sont intéressants à découvrir. L’auteure nous propose des protagonistes tout en profondeur.

Emma est importante pour le récit mais les personnages les plus marquants sont Arachos et Dewey. La simplicité et la naïveté d’Arachos est touchante, nous nous prenons très vite d’affection pour cet être différent. Sa douceur n’est pas calculée ou factice. Chacune de ses paroles ou actes sont sincères. Quant à Dewey, il est celui le plus complexe mentalement. Il divague entre amour et haine. Le lecteur ne sait pas quelle réaction adopter avec lui. Nous sentons, comprenons ses raisonnements mais il reste bien mystérieux, n’écoutant rien des conseils de ses proches.

D’autres personnages sont à citer, notamment Joe Clay, le père d’Emma, et Harry. Joe est horrible. Il a tellement souffert, qu’il en est devenu un monstre. Ses comportements sont choquants que ce soit pour ces expériences tordues ou vis-à-vis de sa fille. Tandis qu’Harry devient le père qu’Emma n’a malheureusement pas, il est toujours présent et prêt à l’aider.

Ils sont vraiment tous intéressants à découvrir mais ils ne sont pas tous appréciables.

Points négatifs

> Le récit

Comme cité précédemment, les événements de la fin sont prévisibles. Ceci est dû à certaines informations mentionnées épisodiquement. Pour ma part, je ne suis pas déçue. Cependant, cela pourra décevoir quelques lecteurs, surtout que l’auteure sait nous surprendre continuellement. Néanmoins, nous supposons que Marine Kelada l’a voulu ainsi, afin de provoquer un impact bien plus important. Cela permet également d’espérer un changement, alors que nous savons pertinemment qu’il ne peut en être autrement.

Le livre est sombre par les décors, l’histoire et l’atmosphère. Il est difficile de trouver une part de lumière, à part durant plusieurs scènes d’amour entre nos deux protagonistes principaux.

Certains événements pourront choquer les âmes sensibles.

> Les personnages

Je n’en ai aucun.

Conclusion

Un livre amplement réussi. Additivité, rebondissement, suspense sont les maîtres mots de cet univers parfaitement ficelé et maîtrisé. L’auteure nous piège telle une araignée dans sa toile livresque. Une excellente lecture à faire découvrir même aux personnes détestant les aranéides.

Une aventure à tenter sans hésitation.

Note : 5/5

Citation tirée du livre

L’être humain est stupide. Il ne réalise vraiment l’importance de l’autre que lorsqu’il le perd, alors que le trou béant que laisse l’absence est déjà là, profond et irréparable. On vit comme il y avait toujours un lendemain pour tout le monde, mais c’est faux. Hier – c’est tout comme – maman me serrait dans ses bras et je lui confiais mes chagrins d’amour ; aujoud’hui elle n’était plus. Aujoud’hui il ne me restait plus que mon père, ma seule et unique famille ; demain il pourrait avoir disparu, comme maman… La mort pourrait l’emporter… ou moi.

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